Premier finisher d’un MDS en béquilles
Pierre Borgella – unijambiste – conquiert le MDS Cappadoce ! La deuxième édition du Marathon des Sables Cappadoce vient de s’achever. Elle confirme son statut d’épreuve d’endurance à part. Ce trail en autosuffisance alimentaire s’est déroulé au cœur de la célèbre vallée de l’amour, en Turquie.
Pendant trois étapes exigeantes, les coureurs ont traversé les cheminées de fées, des canyons sculptés par le temps et des plateaux minéraux classés à l’UNESCO.
Avec 250 participants venus de 20 pays, l’événement a une nouvelle fois mêlé dépassement de soi, aventure humaine et paysages à couper le souffle.
Mais cette édition 2025 restera marquée par l’exploit de Pierre Borgella, 23 ans, originaire de Bagnères-de-Bigorre et résident à Bordeaux. Amputé d’une jambe après un accident en 2019, Pierre a repoussé toutes les limites. Sur les 70 km répartis en 3 étapes et 4 jours, il a prouvé que le mental peut déplacer des montagnes, même en terres volcaniques.



Un exemple de résilience et de courage qui illustre à merveille l’esprit du Marathon des Sables : quand le corps doute, c’est l’âme qui continue d’avancer.
En 2019, la vie de Pierre Borgella bascule brutalement. Alors âgé de 18 ans, lycéen dans les Landes, il est percuté par un chauffard en scooter. Le verdict tombe : amputation de la jambe droite. S’ensuivent plus d’un mois de coma, 30 kg envolés, et plus d’un an et demi entre hôpital et centre de rééducation. Pourtant, malgré la douleur, il décroche son bac et, surtout, refuse de laisser cet accident définir sa vie.
« Je faisais de la boxe, du rugby, je voulais devenir pompier. Tous mes projets se sont effondrés. Mais j’ai décidé de rebondir. »
Le sport comme renaissance
Installé à Bordeaux, Pierre Borgella se reconstruit par le sport. Il pratique la natation handisport (championnats de France), obtient une licence STAPS en activité physique adaptée, et enchaîne les défis en CrossFit et Hyrox, aux côtés d’athlètes valides.
MDS Cappadoce – 70 km sur béquilles et un rêve partagé
Dernier exploit en date : le Marathon des Sables Cappadoce, une aventure de 70 km en autosuffisance, à travers les paysages volcaniques de Turquie. Une course taillée pour les warriors, qu’il a choisie de courir sur béquilles, accompagné de son cousin et binôme d’entraînement Léo Lefebvre, 21 ans.

« Je lui ai proposé ce défi sans qu’il sache ce que c’était. On s’est entraîné pendant un an dans les Pyrénées, à Bagnères-de-Bigorre. Renforcement des bras, du mental… et beaucoup de boue ! »
Résultat : une aventure humaine et sportive hors norme, au cœur de la Cappadoce, entre ampoules, chaleur, poussière et dépassement de soi. À seulement 23 ans, Pierre incarne la résilience et la force mentale, et prouve que le handicap n’est pas une limite, mais un levier pour se réinventer.
Trois jours de course, jusqu’à 30 km par étape, en autosuffisance alimentaire, avec jusqu’à 700 mètres de dénivelé positif par jour : le Marathon des Sables Cappadoce, en Turquie, est bien plus qu’une épreuve physique. C’est un défi mental, logistique et émotionnel. Et pour Pierre Borgella, 23 ans, amputé d’une jambe, ce fut aussi un message fort envoyé à tous ceux qui doutent.
« Le handicap n’interdit pas la grande aventure. Il la redéfinit. »
Le poids du sac, la poussière des sentiers – et la force du mental
Sur un tracé volcanique et technique, au cœur de la Cappadoce, Pierre a porté un sac de près de 10 kg. Nourriture lyophilisée, eau, vêtements, duvet, trousse d’hygiène… Tout à gérer seul, dans un environnement extrême.
La chaleur est écrasante. La poussière, omniprésente.
Les ampoules aux mains, les bras tétanisés, le corps épuisé, il avance. Pas après pas, les béquilles couvertes de sable.
À ses côtés, son cousin Léo Lefebvre, 21 ans. Soutien logistique. Pilier moral. Toujours là.
Un binôme soudé par l’effort… et par les souvenirs partagés dans les Pyrénées.
« Léo m’a énormément soutenu pendant le marathon. Je n’aurais pas pu finir sans lui. »



Plus qu’une performance – un symbole
Avec une détermination inébranlable, Pierre a franchi la ligne d’arrivée de l’un des ultra-trails les plus exigeants d’Europe. Non pour la gloire, mais pour porter un message : le handicap n’est pas une fin, c’est un nouveau départ.
« Je voulais prouver que tout est possible. On peut réécrire sa vie, même après un drame. »
À 23 ans, Pierre incarne une jeunesse qui ose, qui croit, et qui avance malgré tout. Le Marathon des Sables Cappadoce devient ici bien plus qu’un simple trail : une leçon de courage, une ode à la résilience, un exemple à suivre.
Ses prochains projets sont « de continuer le sport au maximum, viser des courses de plus en plus longues avec les valides (commencer par un 10 km), continuer le CrossFit et l’Hyrox (Hyrox Paris et Bordeaux en octobre/novembre), et pourquoi pas refaire un Marathon des Sables. »
Résultats de Pierre au MDS Cappadoce :
- 1er jour : 25,86 km / 806 m D+ / 5h17
- 2e jour : 20 km / 622 m D+ / 6h34
- 4e jour : 26,23 km / 791 m D+ / 4h40 (dont environ 10 km en courant)
Crédit photos : Ian Corless.